Le soir venu…

« Le soir venu » (Mc 4,35). Ainsi commence l’Evangile que nous avons écouté. Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage… C’est par ces mots que le Pape François, seul, devant une place Saint-Pierre vide, sous la pluie, vendredi 27 mars dernier au soir, a commencé le temps de prière pour demander à Dieu la fin de la pandémie.

Les mots de cet Evangile semblent faits pour les temps que nous sommes en train de vivre. La pandémie déferle ; plusieurs d’entre nous commencent à voir que des personnes plus ou moins proches sont touchées par le virus. « Nous nous retrouvons apeurés et perdus » (ibid.). Le Pape, en ces quelques mots nous encourage. Il change notre perspective, notre point de vue. Je vous invite à lire son homélie, car elle est merveilleuse et remplie d’espérance, de bienveillance et de Foi.

L’Evangile que la liturgie du cinquième dimanche de ce carême nous présente, va un peu dans le même sens. Jésus sait que Lazare, son ami, est en train de mourir, mais il ne se presse pas de courir à son chevet, il a même une réponse étonnante : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu… » (Jn 11,4).

Une des questions qui ont depuis toujours interrogé les religions mais aussi les philosophies, est le pourquoi de la souffrance, le pourquoi de l’injustice, des épidémies, des tremblements de terre, de la précarité. Jésus, dans cet Evangile, comme dans toute sa prédication et dans tout son ministère, ne cesse d’attirer notre attention sur ce qui est le centre, sur ce qui est vraiment essentiel.

Si l’important était la santé, la justice la sécurité économique, affective, climatique, Jésus, étant Dieu, aurait dû mettre de l’ordre dans tout cet apparent chaos. Il aurait dû guérir tous les lépreux, combattre l’injustice de l’Empire romain, ressusciter tous les morts ! Mais sa réponse face à la maladie de son ami est étonnante : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu… ». Pourtant la maladie de Lazare suivra son cours et l’ami de Jésus mourra !

Je laisse le Pape François, par ses paroles de vendredi dernier nous éclairer : « La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. Elle nous démontre comment nous avons laissé endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’ »emballer » et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives d’anesthésier avec des habitudes apparemment « salvatrices », incapables de faire appel à nos  racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité. À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec lequel nous cachions nos « ego » toujours préoccupés de leur image ; et reste manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : « Réveille-toi Seigneur ! ». » Et le Seigneur s’est réveillé, il a apaisé la mer, il a ressuscité Lazare, il est venu à notre secours. Lazare c’est moi, le père Giovanni, et c’est chacun de nous ! C’est en parlant de nous, endormis dans nos projets, dans nos fauteuils, dans nos histoires personnelles que le Seigneur dit à ses disciples : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » (Jn 11,11). Et c’est à nous qu’il crie : « Lazare, viens dehors ! » (Jn 11,43). Courage mes frères, mes sœurs ! C’est pour nous que le Seigneur est ressuscité, pour que la peur de la mort, pour que nos propres morts quotidiennes, petites ou grandes, soient détruites, annihilées. Si le Christ ressuscité, vainqueur de la mort, habite en nous, plus rien ne peut nous ébranler. Nous pourrons souffrir, pleurer, mais personne ne pourra nous arracher la Paix qui vient de Dieu, l’assurance que la mort n’a pas le dernier mot sur la vie ! Encore un peu de temps et nous pourrons crier avec joie : le Christ est ressuscité !

Que le Seigneur de la vie soit avec vous tous.

P. Giovanni et P. Yves-Joseph

Retrouvez ici l’Omélie du Pape

 

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