Image de la Croix - Ste Trinité

Chers amis, chers frères et sœurs dans le Christ,

 

Nous, les chrétiens, nous sommes baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », et lorsque nous commençons la prière, nous nous marquons du signe de la croix. C’est la Trinité, un seul Dieu en trois personnes. Nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier.

C’est Jésus qui nous a révélé ce mystère. Il est un seul Dieu avec le Père et Il a promis à ses apôtres, ainsi qu’à tous les fidèles, le don de l’Esprit Saint qui sera avec eux et en eux pour les instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16,13).

La liturgie de ce dimanche de la Sainte Trinité n’attire pas tellement notre attention sur ce mystère du Dieu un et trine, mais plutôt sur son entrée dans l’histoire, sur la réalité de l’amour qu’elle nous apporte : le Père, le Fils et l’Esprit Saint, qui sont UN parce qu’ils sont l’amour et l’unité créée par l’amour. Le Père donne tout au Fils ; le Fils reçoit tout du Père avec reconnaissance ; et l’Esprit Saint est le fruit et la personnification de cet amour relationnel et réciproque du Père et du Fils.

Le Livre de l’Exode nous montre une chose surprenante : la révélation de l’amour de Dieu est réitérée après un très grave péché de la part du peuple. Le premier pacte d’alliance vient tout juste d’être conclu et déjà le peuple manque de fidélité. L’absence de Moïse se prolonge et le peuple se demande : « où est-il passé Moïse, où est Dieu ? » ; et il demande à Aaron de lui faire un dieu à sa portée, à la place de ce Dieu mystérieux et invisible, lointain. Aaron accepte et fait fondre un veau d’or. En descendant du Sinaï, Moïse voyant ce qui est arrivé, brise les tables de l’alliance, qui ont  déjà été brisées par le peuple. Tout semble perdu, et pourtant, malgré ce très grave péché, Dieu décide de pardonner et invite Moïse à remonter sur le Sinaï pour recevoir à nouveau la Loi. C’est alors que Moïse demande à Dieu de se révéler, de lui faire voir son visage. Mais Dieu ne montre pas son visage, il révèle plutôt son être profond, son identité, par ces mots : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,8). C’est cela le Visage, l’identité profonde de Dieu ! Cette manifestation de YHVH manifeste son amour qui est plus grand que le péché, il le couvre, l’élimine. Il ne peut y avoir de révélation plus claire. Nous avons un Dieu qui renonce à détruire le pécheur et qui veut manifester son amour de manière profonde et, j’oserais dire surprenante, devant le pécheur que nous sommes, pour nous offrir toujours la possibilité de la conversion et du pardon. Je ne sais pas si vous avez déjà expérimenté le mépris de vous-même après avoir commis quelque grosse bêtise, quelque chose de grave, après avoir blessé une personne par votre égoïsme, par votre insensibilité, ou autre… Souvent après avoir commis des péchés qui nous humilient, qui nous font souffrir, le démon vient suggérer à notre esprit, normalement dans la solitude, le mépris de nous-même. Je m’arrête un petit moment sur le mot démon, qui vient du latin daemon, emprunté au grec ancien δαίμων, qui signifie, entre autres, « puissance divine ». Nous le trouvons dans la tradition hellénique chez beaucoup d’auteurs. Platon en parle dans ses œuvres et il le définit comme un être intermédiaire entre le dieu et les hommes. Dans le christianisme cet être intermédiaire est le principe personnel qui s’oppose au Dieu de la révélation, au Dieu d’amour, au Dieu de l’Alliance, et il en prend les ressemblances. Cela est très important pour nous, car le démon prend la « forme » de Dieu, il se déguise en dieu et il nous accuse. Dans le récit du Sinaï, le Seigneur n’accuse pas le peuple infidèle, mais il lui pardonne et lui donne son Alliance, il lui donne sa Loi. Le mépris de soi n’a rien à voir avec la douleur, le remords et le regret d’avoir péché.

L’Evangile de la liturgie de ce dimanche complète cette révélation du Sinaï, parce qu’il indique à quel point Dieu a montré sa miséricorde : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16). Dans le monde, dans notre monde, il y a le mal, l’égoïsme, la méchanceté. Combien d’injustices dans nos quartiers, dans nos familles, dans notre entourage ; combien d’incompréhensions, de souffrances, de jalousies ? Combien de personnes avons-nous blessées, humiliées ? Dieu pourrait venir pour juger le monde, pour nous juger et détruire le mal, mais il envoie ce qu’il a de plus précieux : son Fils unique. Jésus est le Fils de Dieu qui est né et a vécu pour nous. Sur la croix cet amour plein de miséricorde touche son point culminant. Sur la croix, le Fils de Dieu nous obtient de participer à la vie éternelle qui nous est communiquée, mise à disposition, par le don de l’Esprit Saint. Dans ce mystère de la croix sont présentes les trois Personnes divines : le Père qui donne son Fils unique pour le salut du monde, le Fils qui accomplit jusqu’au bout le dessein du Père, et l’Esprit Saint, qui vient nous faire participer à la vie divine, qui transforme notre existence pour qu’elle connaisse et vive de l’amour divin, de la beauté du pardon, de la paix qui lui vient de savoir que « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8,31).

 

 

P.Giovanni

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